jeudi 31 décembre 2009

Nicodème ou le secret de la vie spirituelle

Nicodème traverse l’Evangile de Jean, (cf. Jn 3, 1ss ; 7, 48-50-52 ; 19,39).

Il est une figure emblématique du sommet de la hiérarchie juive. Nicodème, en effet, est à la fois pharisien, sanhédrite et docteur de la Loi. Nicodème a déjà rencontré Jésus, qui comme lui est juif pharisien…
Savant, Nicodème a déduit que Jésus de Nazareth est « un maître qui vient de Dieu car personne peut opérer les signes qu’il fait si Dieu n’est pas avec lui » ( Jn. 3, 2).
Nicodème ne jouit pas d’une entière liberté, ses responsabilités le lient à ceux qui récusent radicalement l’origine divine de la Mission de Jésus et interdisent au peuple d’y croire sous peine d’excommunication (cf. Jn.7,31 ; 9,22 ; 20,19).

Jésus et Nicodème se voient et se parlent, de préférence de nuit, par précaution, mais aussi comme deux rabbins qui aiment le calme nocturne pour échanger…

Nicodème cherche à comprendre le mystère de la Présence en Jésus, alors qu’il n’entre pas dans ses catégories rabbiniques… Lui, le sage , l’ancien, ce mystère échappe à son savoir…

Cependant, Nicodème accepte d'être bousculé, Nicodème accueille en lui, la Parole de Jésus.
Nicodème, est loin d’être le niais qui ne comprends pas la signification spirituelle du verbe ‘ naître ‘ !

Oui, Nicodème et moi-même, sommes opaques de notre incroyance… Nous venons de nuit, dans l’obscurité de notre manque de foi ; mais fort de notre savoir…
Jésus, nous dit avec les mots de notre vocabulaire, qu’il s’agit à présent d’expérimenter la présence de Dieu… Et ça, c’est beaucoup plus que de rassembler de l’information et des données théologiques à son sujet…


Jésus fait référence à une deuxième naissance, que seul l’Esprit rend possible. En effet, il s’agit de faire de Dieu, non le sujet de notre étude, mais lui permettre d’Etre en nous, de laisser la Parole diriger notre vie… Ce peut-être une révolution, du moins une conversion…
Mais comment cela peut-il se faire ? Puis-je re-devenir un enfant… ? A mon âge, avec mes responsabilités familiales, professionnelles… Comment puis-je recommencer.. ? N'est-ce pas trop tard ?
Non, cette question n’est pas niaise !

« En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’en haut - ou de nouveau, selon un jeu de mot possible en grec- nul ne peut voir le Royaume de Dieu ».

Nicodème, est un homme qui cherche la vérité, et pas à moitié, il la veut tout entière, un homme qui se préoccupe de ce qu’il a vu et entendu, mais qui contrôle et vérifie tout. Nicodème est convaincu, toutefois il attend que la vérité lui parle, dissipe ses ténèbres, l’ouvre à la lumière et prépare son esprit à l’adhésion totale et réfléchie de la foi. Il veut chercher l’intelligence de l’objet de sa foi.
Au mieux, nous pouvons être inquiet : « Comment cela peut-il se faire ? » Même question que Marie !


Et Jésus lui dit : « Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais d’où il vient et où il va. »(3,8).

C’est ainsi, que le Chemin prend l’allure d’une quête, celle de Perceval, qui ne sait où il va, encore moins qu’il rencontrera le Graal….

Pour d'autre articles complémentaires, vous pouvez vous rendre sur " La Quête de perceval "

mercredi 30 décembre 2009

Paradoxes...

Chez l’homme : Conquêtes, pouvoir et gloire opposés à : Abandon, humilité et service.

Chez Dieu : Puissance, divinité et Gloire opposés à : Humilité, incarnation et kénose…

Il y a une forte similitude entre ces deux rapports ; mais le plus grand paradoxe ; c’est de n’y pas trouver une certaine logique, du moins chez l’homme.
  • Ainsi, est-il capable d’être puissant, glorieux, se couvrir d’apparats symboliques et se réclamer d’un Dieu faible, humble et pauvre.
  • Egalement, il peut être simple, généreux, compatissant et n’y pas reconnaître le divin … !


C'est quand je suis faible... que je suis catholique!

Il serait courant de dire, que face à l’adversité : " nous, les chrétiens, nous aurions quelque chose en plus…" : la Foi ..

Si ce ‘quelque chose en plus’ évoque une force ; cela ne saute pas aux yeux… Ce serait plutôt de l’ordre de la méthode Coué.
Si je reprends le problème au départ : face à la question existentielle, certaines personnes que je côtoient me semblent mieux armées, plus efficaces, plus exemplaires , plus humaines, que moi : le catho.
« Ne jugez pas ! ». Je ne juge pas : je ne sais pas le pourquoi du ‘ Bien ‘ dont je suis le témoin. J’admire ce ‘ Bien ‘.

Je sais que je ne peux m’y inscrire, qu’à la condition déjà d’y trouver un sens, pour n’y pas affronter l’absurde… Ensuite c'est encore plus complexe, au moins autant que les sentiments en bien et en mal, décrits au travers les affres des personnages de Dostoïevski !

Il y a ceux qui pratiquent ‘ Matthieu 25 ‘ (1), sans connaître le Christ … !
La Vie, l’Homme, sont-ils si grands qu’ils dépassent l’espérance d’un univers qui n’aurait-pas été fait pour eux ?

Et, il y a ceux qui n’ont pour raison que l’espérance de ce qui adviendra.
Le Soi, l’Eveil, le Royaume ne sont réels que dans l’évocation du Maître. C’est parce que je connais ma faiblesse, que je me mets à l’école du maître. J’ai besoin d’un maître, qui vient me chercher là où je suis.

C’est ma faiblesse, qui me fait chrétien.
C’est ma très grande faiblesse qui me fait catholique.

"J'aime notre époque, parce qu'elle nous force à choisir, entre la puissance de l'homme et la faiblesse de Dieu".
Gustave THIBON, in Aux ailes de la lettre.

«Dieu est faible et sans puissance dans le monde et c’est exactement le moyen, et le seul, par lequel il peut être avec nous et qu’il peut nous aider. Selon Matthieu 8.17 «il a pris nos infirmités et il s’est chargé de nos maladies», il est clair comme de l’eau de roche que ce n’est pas par sa toute-puissance que le Christ nous aide, mais par sa faiblesse et sa souffrance…seul un Dieu qui souffre peut venir à l’aide» (Bonhoeffer, 1953, p.164).

(1) 35 Car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli;
36 j'étais nu, et vous m'avez habillé; j'étais malade, et vous m'avez visité; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi!’